mardi 31 juillet 2012

ETABLIR DES PARTENARIATS POUR LE REVERDISSEMENT EN AFRIQUE


La Mise à jour 2012 n°3 a indiqué que le district de Kantché au Niger, qui se caractérise par une densité de la population tout aussi élevée que celle des arbres dans les champs, a enregistré un excédent céréalier de près de 14 000 tonnes en 2011. Bien que ce chiffre soit inférieur à ceux des années précédentes, il n’en revêt pas moins de l’intérêt.
Il semble que la zone autour de Bankass au Mali, qui recèle une vaste étendue de jeune parc agroforestier, a enregistré également un excédent céréalier estimé à 50 000 tonnes au cours de la même année. Ce chiffre reste à vérifier, mais tout excédent enregistré en 2011 constitue une bonne nouvelle.
Il va sans dire qu’en dépit d’un excédent global dans une région donnée, de nombreuses familles devront faire face à des difficultés en 2012.
Néanmoins, ces exemples laissent poindre une lueur d’espoir dans le contexte d’un Sahel où la tendance générale se caractérise par d’importants déficits céréaliers.
La question qui se pose est la suivante : ces excédents sont-ils dus au nouveau parc agroforestier ? Bien que la question mérite d’être élucidée, il convient de reconnaître que cette possibilité est crédible.
Conférence sur la lutte contre la famine, Nairobi, 10-13 avril 2012
Cette conférence était coorganisée par World Vision et le Centre Mondial de l’Agroforesterie (ICRAF). Les quelques 200 participants (agents de développement, décideurs, chercheurs, journalistes) ont fait le point de l’expérience actuelle en matière de reverdissement assisté, se sont penchés sur les nombreux impacts du reverdissement et ont reçu une formation pratique sur les techniques d’élagage. Ils venaient, notamment du Kenya, de l’Ouganda (y compris les ministres de l’agriculture et du plan), de l’Ethiopie, de la Tanzanie, du Niger, du Tchad et du Puntland.
Plusieurs journalistes de la région ont interrogé les participants et “Zweites Deutsches Fernsehen” (deuxième chaîne de télévision allemande) a consacré une brève séquence de son journal télévisé du soir à la conférence.
Pour de plus amples informations sur la conférence, visiter le site www.beatingfamine.com.

Un partenariat informel pour promouvoir le reverdissement
Le samedi 14 avril, un certain nombre de représentants de l’e l’ICRAF, du Forum Forestier Africain, de World Resources Institute, de World Vision Australie et du Centre pour la coopération internationale de l’Université Libre d’Amsterdam, se sont rencontrés pour discuter de la conférence et de son suivi et ont créé un partenariat informel qui s’engage à collaborer à la promotion du reverdissement à l’effet de développer une agriculture toujours verte en Afrique. L’un des moteurs de cet engagement était la prise de conscience croissante qu’un scénario dangereux est en train de se produire dans certaines parties de l’Afrique et pourrait conduire à une famine structurelle au cours de la prochaine décennie. Cette observation a été faite dans des numéros antérieurs des Mises à jour. La fertilité du sol diminue dans de nombreuses régions, la pluviométrie devient plus irrégulière et extrême, les périodes de sécheresse sont plus longues en saison des pluies. Ensemble, ces tendances réduisent le rendement des cultures dans un contexte de croissance démographique souvent rapide. Dans le même temps, les prix des céréales atteignent de nouveau des sommets, ce qui crée des difficultés non seulement pour les pauvres en milieu urbain, mais également pour les petits paysans qui ne produisent pas suffisamment pour satisfaire leurs besoins alimentaires familiaux. Les stocks mondiaux de denrées alimentaires sont faibles. Ainsi, l’on ne peut considérer comme acquis que les déficits alimentaires pourront être couverts par l’aide alimentaire.
Il est impératif de faire changer les choses. Le partenariat informel a examiné un train de mesures pour l’intensification durable, y compris la création de nouveaux systèmes agroforestiers grâce au reverdissement assisté, l’introduction dans les zones semi-arides (400-800 mm de pluviométrie)de techniques simples de collecte de l’eau qui augmentent les quantités d’eau disponibles pour les cultures et les arbres, ainsi que l’utilisation de petites quantités d’engrais inorganiques, en principe là où l’agroforesterie a déjà accru la quantité de matières organiques dans la terre végétale. L’efficacité de l’utilisation des engrais est fonction de la teneur en matière organique du sol, qui a également un impact positif sur la capacité de rétention d’eau du sol.
Les participants à cette réunion sont présentés brièvement ci-après.
Roland Bunch
Dr Bunch est un agroécologiste et l’auteur de « Two Ears of Corn: A Guide to People-Centered Agricultural Improvement ». Il a servi en qualité de Directeur du Département du développement rural à l’Ecole Panaméricaine d’Agronomie du Honduras et de Directeur à « Sustainable Agriculture and Rural Livelihoods for World Neighbors », une ONG basée aux Etats-Unis qui intervient dans le domaine du développement rural intégré. Il est cofondateur et ancien coordonnateur de la COSECHA (Association de consultants pour une agriculture durable, écologique et humaine) Honduras. Il a travaillé en qualité de consultant sur trois continents et est connu pour la promotion d’une agriculture durable et « humaine », notamment la « vulgarisation entre paysans » et la méthodologie de la « mise au point participative des technologies ».
 
 


Dennis Garrity
Dr Garrity est un chercheur universitaire distingué, et jusqu’au septembre 2011 Directeur Général de l’ICRAF. Il a été nommé récemment Ambassadeur de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification pour les terres arides et participe aux efforts mondiaux d’étude des voies et moyens non classiques de création de systèmes agricoles plus productifs et écologiques. Il préside le Comité de pilotage de Landcare International. Auparavant, en sa qualité d’agronome, il a assumé les fonctions de Chef de l’Unité de l’agroforesterie à l’Institut International de Recherche sur le Riz aux Philippines. Il est titulaire d’un doctorat en physiologie des cultures (Université du Nebraska). http://www.worldagroforestry.org/
 



 


Larwanou Mahamane
Dr Larwanou est Chargé supérieur de programme au Forum Forestier africain. Auparavant, il était chercheur de l’Institut National de Recherche Agronomique du Niger (INRAN). Il est entré à l’Université de Niamey en 2006 en qualité de Maître de conférences et chercheur. Au Niger, il a mené des activités de recherche dans les domaines de la foresterie et de l’agroforesterie, mettant au point des technologies agroforestières pour l’amélioration des systèmes agroforestiers au Sahel. Il a publié de nombreux articles dans des revues scientifiques et coordonné plusieurs projets de recherche. Dr Larwanou est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en écologie de la forêt/agroforesterie (Université d’Ibadan, Nigeria) et d’un doctorat (Université Abdou Moumouni de Niamey) obtenu en 2005.

 

 
Chris Reij
Chris Reij est un spécialiste de la gestion durable des terres du Centre pour la coopération internationale, Université VU Amsterdam et un agrégé supérieur de recherches de l’Institut mondial des ressources à Washington. Depuis 1978, il exerce en Afrique où il coordonne à l’heure actuelle « Initiatives de reverdissement en Afrique », qui aide les paysans à s’adapter aux changements climatiques et à mettre au point des systèmes agricoles plus productifs et durables (http://www.africa-regreening.blogspot.com/). L’approche de cette initiative consiste à étendre l’échelle des réussites existantes en matière de reverdissement (agroforesterie, gestion participative des forêts) tant des paysans individuels que des communautés.

 

 
Photo : Tony Rinaudo interviewé par la presse au cours de la conférence sur la lutte contre la famine
Tony Rinaudo
Tony Rinaudo participe à la mise au point des systèmes agro-sylvopastoraux dans une large gamme d’environnements. Auparavant, il a passé 18 années au Niger (1980-1998), où il a géré un programme de développement agricole à long terme et ses activités ont contribué à catalysé un processus de reverdissement dans la région de Maradi en 1985. Récemment, il a dispensé des cours sur le reverdissement assisté au Sénégal, au Ghana, en Ethiopie, au Kenya, en Indonésie et au Timor oriental.

 
 

 

Bob Winterbottom
Robert Winterbottom est Directeur des Services de l’Ecosystème au World Resources Institute (WRI), Washington, D.C. Il a travaillé dans les domaines du reboisement au Burkina Faso ; de la planification de la lutte contre la désertification avec le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) ; du renforcement des capacités institutionnelles en vue de l’amélioration de la coordination de la gestion des ressources naturelles (GRN) au Niger ; de la GRN à base communautaire en Namibie ; de l’intégration de la gouvernance environnementale et de la réduction de la pauvreté grâce à la création d’entreprises axées sur les ressources naturelles au Sénégal et au Bangladesh ; ainsi que de l’évaluation des besoins et opportunités liés à l’adaptation aux changements climatiques à Madagascar et au Vietnam. Par ailleurs, il a participé à l’élaboration du Plan d’action pour les forêts tropicales (Banque mondiale, PNUD, FAO et WRI). Il est titulaire d’une licence (ès sciences de la forêt) obtenue à l’Université de Yale.
Nous envisageons de créer des opportunités pour la conception conjointe de projets et programmes.
Les personnes susmentionnées ont convenu d’établir un partenariat informel, mais le mouvement du reverdissement est beaucoup plus large. Quelques autres partenaires sont présentés ci-après.


Assefa Tofu est le Conseiller en GRN de World Vision Ethiopie (WVE) et fait partie des personnes ressources qui soutiennent les activités de reverdissement de WVE. Sur la présente photo, Assefa donne aux participants à la conférence quelques indications sur la formation en matière de sélection des tiges aux fins d’enlèvement et d’élagage.


AbasseTougiani
Dr Tougiani, chercheur attaché à l’Institut National de Recherche Agronomique du Niger, était  basé depuis beaucoup d’ années à Maradi où il a collaboré étroitement avec Tony Rinaudo et le projet FIDA d’Aguié, qui s’emploie à promouvoir le reverdissement assisté.


Gray Tappan de EROS (Earth Resources Observation and Science) de US Geological Survey Centre dans le Dakota du Sud est un géographe spécialisé dans la télédétection de l’utilisation des terres et de la végétation. Il a apporté et continue d’apporter de précieuses contributions à la compréhension de l’évolution à long terme de la végétation. Les images satellitaires de Gray, qui présentent les mêmes villages au cours de différentes périodes, ont permis de convaincre de nombreuses personnes que certaines parties du Sahel sont plus vertes à l’heure actuelle qu’il y a 20 à 30 ans.


Mathieu Ouedraogo (à gauche) est le Coordonnateur des Initiatives de Reverdissement en Afrique au Burkina Faso. Sa carrière a commencé au début des années 80 au cours desquelles il a travaillé pour le Projet Agro Forestier (PAF) financé par OXFAM dans la région du Yatenga, qui était l’un des projets les plus novateurs en ce qui concerne la collecte de l’eau de ruissellement. A droite se trouve le Professeur Adam Toudou, Coordonnateur des Initiatives de Reverdissement en Afrique au Niger, doyen de la Faculté d’Agronomie de l’Université de Niamey.


Mary Allen Ballo est chercheur en environnement, secrétaire exécutive de Sahel ECO et coordonnatrice au Mali de ARI. Elle travaille depuis plus de deux décennies au Mali où elle a fait de Sahel ECO l’une des principales ONG environnementales.

Il s’agit là de quelques champions du reverdissement par les agriculteurs. D’autres partenaires/défenseurs vous seront présentés dans les futurs numéros de Mise à jour.