La vallée de Badaguichiri au Niger était, dans les années 80 et 90, traversée
par un grand ravin, qui drainait rapidement la majeure partie de l’eau de pluie
et les eaux de ruissellement. Depuis la construction de barrages longs et de
faible hauteur enjambant le lit de la vallée et l’introduction de techniques
simples de collecte de l’eau sur les plateaux environnants, la situation s’est
améliorée considérablement. Cette photo présente un paysage agroforestier florissant.
L’apparence grisâtre des Faidherbida albida s’explique par le fait que ces
arbres perdent leurs feuilles en saison des pluies. Le sorgho et le millet
tirent parti de la fixation de l’azote par ces plantes.
FAITS MARQUANTS DE 2011 :
UNE SELECTION
- Initiatives de reverdissement en Afrique (ARI) souhaitent mettre à profit et étendre la portée des succès engrangés à ce jour en matière de reverdissement assisté dans les zones arides. Le message selon lequel la protection et la gestion des arbres et arbustes qui poussent spontanément constitue une forme efficace et peu coûteuse d’intensification agricole passe de plus en plus.
- Une visite dans les plaines de Séno au
Mali a confirmé que les paysans protègent et gèrent les arbres qui
poussent dans leurs champs. Ils le font à grande échelle et la plupart des
arbres sont jeunes. Gray Tappan de US Geological Survey des Etats-Unis a
étudié l’échelle de ces nouveaux parcs agroforestiers. Son analyse des
images satellitaires à haute résolution a révélé des densités d’arbres
moyennes à élevées sur 450 000 ha, au-delà de tout entendement. Jusqu’à ce
que Gray Tappan détermine la superficie totale effectivement reverdie, celle-ci
était estimée à environ 18 000 ha.
Jeune parc agroforestier dans les plaines de Séno au Mali. Cette photo a été prise à la fin de mars 2011, en pleine saison sèche. Néanmoins, de grandes quantités de résidus de récoltes étaient encore stockées dans les champs. - Les partenaires au reverdissement au Burkina Faso (Réseau MARP et ses partenaires) et au Mali (Sahel Eco) s’emploient à mettre sur pied un mouvement autour du reverdissement assisté. En outre, ils entreprennent une large gamme d’activités, notamment l’organisation de visites de paysans à paysans, les visites aux décideurs nationaux et régionaux, ainsi qu’aux techniciens. Ils présentent des documentaires non seulement sur les antennes de la télévision nationale, mais également au cours des réunions villageoises. Ils organisent des groupes qui discutent des politiques et législations agroforestières.
- Le Fonds International pour le Développement
Agricole (FIDA) a approuvé une subvention de deux ans visant à « appuyer
la régénération naturelle assistée dans le Sahel ». Cette initiative
permettra d’instaurer un dialogue national sur les politiques autour du reverdissement
assisté au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Outre le
dialogue sur les politiques, cette subvention prend en compte deux autres
activités. La première est une étude sur les impacts socioéconomiques des
systèmes agroforestiers dans le Sahel, qui est exécutée par le Centre
international pour la recherche en agroforesterie
(ICRAF). La deuxième concerne la production de 12 mini-documentaires
sur l’adaptation réussie aux changements climatiques dans les zones arides
d’Afrique. Ces documentaires seront prêts d’ici à la mi-2012.
- En novembre, l’on a entamé
l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action national pour le reverdissement
au Niger. Ce processus sera parachevé au début de 2012. Cette activité est
financée dans le cadre du projet FIDA dont il est fait mention au point 4
ci-dessus.
Le Sud de Zinder (Niger) comprend de nombreuses petites dépressions entourées de dunes (terres humides dans les zones arides). Les paysans produisent une large gamme de cultures et d’arbres dans ces dépressions, notamment la canne à sucre, le riz, le palmier dattier, les légumes et les arbres fruitiers (papayers et manguiers). Sur les dunes environnantes, le nombre de Faidherbida albida est en pleine croissance. - L’Alliance Web
pour le Reverdissement dans le Sahel (www.W4RA.org)
est de plus en plus opérationnel. En novembre, la première version d’un
système de Radio Marché axé sur la voix a été expérimentée au Mali. Le Radio
Marché sera utilisé par Sahel Eco et deux stations de radiodiffusion
communautaires à Ségou et Tominian. Le Radio Marché a été mis au point en
étroite collaboration avec les utilisateurs finaux, qui contribuent
activement à son élaboration. Il repose sur la voix mobile et les
technologies du Web. Il a vocation à générer automatiquement des communiqués
vocaux véhiculant des informations sur le marché qui peuvent être diffusées
à la radio.
- Davantage de bonnes nouvelles de l’Alliance Web : En novembre, l’équipe W4RA a
été informée du fait qu’il avait remporté le concours de l’Institut de la
presse internationale. La proposition visant à déployer des services phoniques novateurs pour
l’autonomisation des journalistes de la radio maliens officiant dans les
radios communautaires qui promeuvent les Initiatives de reverdissement
dans le Sahel a été retenue parmi 376 propositions. Parmi ces 376
propositions soumises, seules 3 ont bénéficié d’une subvention. Le projet
sera exécuté au cours d’une période de 12 mois, à compter de 2012.
- En septembre, Chris Reij s’est rendu
à Nairobi pour étudier les possibilités qui s’offrent pour la mise en
œuvre d’une initiative de reverdissement au Kenya et établir des liens plus
solides avec le Centre international de recherche en agroforesterie (voir
mise à jour ARI de 2011 n° 6). Le Kenya offre une occasion exceptionnelle
de promouvoir le reverdissement assisté, dans la mesure où il s’agit du
seul pays en Afrique qui exige dans sa constitution que tous les paysans
plantent 10 % de la superficie de leurs terres en arbres. La protection et
la gestion de la régénération spontanée dans les champs et en dehors de
ceux-ci constituent une option intéressante pour les zones arides du
Kenya.
- La collaboration avec le Centre International
pour la Recherche en Agroforesterie (ICRAF) se consolide de plus en plus.
Un soutien précieux a été apporté pendant la visite de septembre à Nairobi
et des contacts étroits ont été maintenus avec Dennis Garrity, jusque
récemment DG de ICRAF et la force motrice de l’Initiative de l’Agriculture
Toujours Verte.
- Tony Rinaudo de World Vision
Australie constitue une autre force motrice pour le reverdissement. En
juin, il a visité avec Gray Tappan et Chris Reij la zone de Kaffrine au Sénégal
où World Vision Sénégal s’attache à promouvoir le reverdissement assisté.
Plusieurs paysans de cette région ont visité le Niger il y a 4 ans et une
fois de retour, ont commencé à protéger et à gérer la régénération
spontanée. A présent, le reverdissement s’effectue sur une superficie d’environ
40 000 ha. Par ailleurs, l’intensification sur le périmètre existant et
l’expansion au-delà de celui-ci constituent une réalité.
- En 2011, Tony Rinaudo a également
formé avec succès les paysans dans des pays aussi différents que le Ghana (Nord), le Tigray (Ethiopie), le
Timor oriental et Sumba Est
(Indonésie). Dans le Tigré, le gouvernement régional s’emploie à institutionnaliser
le reverdissement assisté. Tony sera invité à produire une mise à jour de
ARI, dès que possible. Le message est en train de s’étendre à d’autres
régions du monde.
- En septembre, Chris Reij a fait un exposé
à l’Institut mondial des ressources à
Washington (www.wri.org). L’Institut
mondial des ressources (WRI) est l’une des forces motrices du nouveau Partenariat Mondial pour la Régénération des Paysages Forestiers
(Global Partnership for Forest Landscape Restoration) . Ce
partenariat vise à rétablir 150 millions d’hectares de forêts dégradées
d’ici à 2020. Il s’agit d’un objectif hardi qui nécessite des mesures
hardies. Un lien sera établi entre ce partenariat et les Initiatives de
reverdissement en Afrique.
- Le documentaire « L’homme qui
arrêta le désert » réalisé par Mark Dodd sur la vie, les innovations
et l’impact de Yacouba Sawadogo, agriculteur novateur au Burkina Faso, a
obtenu 7 prix en 2011 (www.1080films.co.uk).
Le 12 décembre, Yacouba a reçu une distinction nationale (Chevalier de
l’Ordre de mérite national).
- Luc Gnacadja, Secrétaire exécutif de
la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, a
invité Yacouba Sawadogo et Mathieu Ouédraogo à prendre part à une journée
spéciale dans le cadre du Forum de Caux sur la sécurité humaine en Suisse,
qui était consacrée à des discussions sur la régénération des sols
dégradés de la terre (www.cauxforum.net).
Environ 250 participants venus de 50 pays ont regardé le documentaire, qui
a suscité de nombreuses réactions positives.
- Yacouba Sawadogo a été une véritable
vedette en 2011, car il a été invité également à prendre la parole en
octobre au cours d’une session spéciale de la Conférence des Parties à la Convention
des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, tenue à Changwon
(Corée du Sud). Au cours de la session d’ouverture de cette conférence, le
Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a cité particulièrement
Yacouba et ses travaux.
- Les médias ont continué d’accorder de
l’attention au reverdissement assisté. Des articles ont été publiés,
notamment dans The New Yorker (19 et 26 décembre), Le Monde
Diplomatique (novembre), The Nation (novembre), Our Planet,
qui est la publication phare du PNUE (septembre), Ökotest
(décembre), ainsi qu’un numéro spécial de Environment and Energy
publié en août, Bild der Wissenschaft (août), Welt am Sonntag
(27 mars), Suddeutsche Zeitung (31 octobre) et Daily Telegraph
(15 juillet). Ces articles publiés dans les médias constituent un
contrepoids aux histoires pessimistes publiées sur les zones arides.
- Le mouvement du reverdissement est résolument en marche et le nombre des défenseurs croît. En témoignent les quelques exemples ci-après. En septembre, Roland Bunch (www.rolandbunch.com), l’auteur du fameux livre « Two Ears of Corn : a guide to people-centered agricultural improvement », a marqué son appui au reverdissement et sa disponibilité à y participer. Au cours du même mois, au Ghana, le mouvement Groundswell (www.groundswellinternational.org) a manifesté son intérêt pour le développement du reverdissement dans le Nord du pays et indiqué qu’il mobilisera son propre financement à cet effet.
Perspectives pour 2012
- L’élément clé en 2012 consistera à … mettre à profit davantage les interventions sur le terrain … et à intensifier le dialogue avec les décideurs nationaux et internationaux autour du reverdissement. L’appui financier de FINHUMF et la subvention du FIDA à 4 pays sahéliens nous aideront à continuer d’aller de l’avant.
- Un atelier national sur le reverdissement sera organisé en Ethiopie au début de 2012 concernant les réussites en matière de reverdissement dans ce pays. Le gouvernement éthiopien entend reboiser 15 millions d’hectares et planter 100 millions d’arbres fertilisants (Faidherbida albida). L’objectif de cet atelier consistera à intégrer dans les politiques et pratiques nationales les leçons tirées de l’expérience. L’atelier sera coorganisé par le Centre régional pour l’environnement de la Corne de l’Afrique, la FAO et FarmAfrica.
- En outre, World Vision organisera un atelier régional sur le reverdissement au début d’avril à Nairobi. Tony Rinaudo passera 3 mois dans cette région afin de visiter les partenaires et d’assurer la formation.
- La stratégie et le plan d’action national de reverdissement pour le Niger seront évalués au cours d’un atelier national au début de cette année. Il n’existe aucune raison pour qu’elle ne soit pas opérationnelle en 2012.
- Des liens plus étroits seront noués non seulement avec l’Institut mondial des ressources et le Partenariat mondial pour la régénération des paysages forestiers, que j’ai tendance à appeler plus simplement … Initiative Mondiale de Reverdissement, mais également avec l’Agriculture Toujours Verte, World Vision Australie et d’autres initiatives de reverdissement.
Enfin, je souhaiterais remercier tous ceux qui, directement ou indirectement,
ont apporté un soutien au reverdissement dans le cadre de ARI. Je vous souhaite
une année 2012 pleine de santé et d’inspiration. Ensemble, essayons de rendre
le monde un peu plus vert afin d’améliorer la sécurité alimentaire, de rendre
possible l’adaptation aux changements climatiques, de réduire la pauvreté en
milieu rural, d’alléger le fardeau des femmes et des filles qui ont pour corvée
de collecter le bois de chauffe, d’accroître le fourrage pour le bétail, de
maintenir ou d’améliorer la fertilité des sols, d’accroître la biodiversité et de
rétablir les services des écosystèmes. Les utilisateurs de ressources peuvent
le faire eux-mêmes, mais parfois, ils ont besoin d’un petit soutien extérieur,
pas nécessairement d’argent, mais de nouvelles idées et expériences. Il
n’existe aucune autre intervention qui génère autant d’avantages à un si faible
coût. Essayons de susciter davantage d’actions. Votre participation à ce
processus est vitale.
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