mardi 13 mars 2012

INITIATIVES DE REVERDISSEMENT EN AFRIQUE, Mise à jour ARI 2012 n° 2


 Cette photo a été prise le 19 janvier 2012 dans la vallée d’Adouna (région de Tahoua, Niger). Celle-ci s’étire sur quelque 40 km et comprend un parc d’environ 40 000 ha dont la végétation est dominée par le Faidherbia albida. La végétation du parc est très dense par endroits et est faite d’un savant mélange d’arbres de tous âges. Les résidus de récolte montrent que tout l’espace entre les arbres est cultivé. La nappe phréatique dans cette vallée est située à un niveau assez superficiel et les sols sont assez fertiles. Ces raisons expliquent, en partie, le bon état du parc. Plusieurs barrages longs et de basse altitude enjambent la vallée, obligeant les eaux de ruissellement à s’infiltrer. Des nappes phréatiques plus superficielles ont favorisé le développement de l’irrigation. A supposer que la superficie irriguée soit de 1 500 ha et le rendement moyen de l’oignon de 20 t/ha, cette vallée seule produirait déjà 30 000 t de légumes.

L’un des premiers événements majeurs prévu en 2012 était une visite d’études par une délégation nigériane dans le Sud du Niger. Cette délégation était censée tirer des leçons des activités de reverdissement au Sud du Niger aux fins de la politique et des pratiques agroforestières au Nigeria. La Fondation Heinrich Böll à Abuja avait mis sur pied une délégation extraordinaire d’environ 30 membres représentant les décideurs de l’ensemble des 12 Etats frontaliers du Niger, les chercheurs, les ONG, ainsi que le personnel et les représentants du Ministère fédéral de l’agriculture. Malheureusement, la visite a dû être reportée à la dernière minute, en raison d’une grève générale au Nigeria, qui a conduit à la fermeture des banques, des stations d’essence et de la frontière entre le Nigeria et le Niger. Nous nous employons à fixer ensemble une nouvelle date pour la visite.

La visite a été reportée tout juste à notre arrivée au Niger. Aussi, a-t-il été décidé, malgré tout, d’effectuer une visite de terrain dans les régions[1] de Dosso, Maradi, Zinder et Tahoua. Je voudrais partager avec vous quelques photographies et impressions relatives à celle-ci.

Le but de la visite dans la zone de Dogon Kiria (région de Dosso) consistait à observer les activités de reverdissement qui venaient d’être mises en route dans cette « commune », dans le cadre d’un projet géré par Both Ends et financé par la Fondation Turing basée au Pays-Bas. Un indicateur clé du reverdissement assisté est que, soudain l’on peut voir partout dans les champs de jeunes arbres élagués. La zone concernée enregistre une pluviométrie d’environ 350 mm et se trouve à la lisière de la zone où l’agriculture est possible. Les jeunes arbres élagués montrent que le processus a commencé.

Une visite dans certaines parties des régions de Maradi et Zinder constitue toujours une source d’inspiration. C’est là que les agriculteurs ont créé de nouveaux parcs agroforestiers sur une superficie de 5 millions d’hectares. Permettez-moi de partager quelques nouvelles impressions avec vous.

Création d’institutions intervillageoises pour la remise en état et le reverdissement des terres
Non loin d’une petite ville appelée Aguié (région de Maradi), les techniques de récolte de l’eau (demi-lunes) sont utilisées avec succès en vue de remettre en état les terres dégradées et arides. Cette pratique n’est guère nouvelle en soi, mais ce qui l’est, c’est le fait qu’elle soit mise en pratique conjointement par un certain nombre de villages qui ont établi des règles pour la protection et la gestion des arbres plantés dans les demi-lunes et ceux qui y ont poussé spontanément (voir photo 2). Les villageois assurent la protection de l’aire régénérée à bicyclette. Par ailleurs, ils ont adopté des sanctions pour ceux qui violent les règles. Cette activité a été entreprise par le projet PPILDA financé par le FIDA. Il serait très utile d’analyser et de documenter cette expérience, car elle comporte quelques exemples de création réussie d’institutions intervillageoises pour la régénération et le reverdissement des terres.

Introduction de la culture du reverdissement assisté à l’école primaire
Comme l’a expliqué Abasse Tougiani, il est important d’associer les écoliers au reverdissement. Ainsi, les enfants de l’école qui figurent sur la Photo 3 connaissent le rôle des arbres dans le renversement de la tendance à la dégradation des terres et ils ont reçu une formation en matière d’élagage des arbres. Ils recevront bientôt une délégation d’écoliers d’un autre village qu’ils sensibiliseront et initieront au reverdissement. C’était la première fois que j’étais témoin d’une expérience d’introduction du reverdissement assisté dans le programme d’une école primaire. Au regard de l’enthousiasme des enfants, il va sans dire qu’ils sont devenus d’ardents défenseurs de la cause.


Photo 2 : Terres dégradées arides régénérées collectivement par un groupe de villages dans le département d’Illéla.


Photo 3 : Des écoliers devenus des avocats du reverdissement


Régénération à grande échelle de baobabs dans le département de Mirriah (région de Zinder)
Bien que le Sud de Zinder soit dominé par un jeune parc agroforestier, la région compte également d’importantes zones où d’autres arbres prédominent. Autour de la petite ville de Mirriah, il existe de vastes étendues couvertes de baobabs de tous âges. La Photo 4 présente une population dense d’arbres relativement âgés, qui produisent des feuilles et des fruits précieux. Les propriétaires des arbres vendent souvent des feuilles sur pied à de jeunes hommes qui les cueillent et les mettent dans des sacs pour les vendre sur les marchés régionaux. Contrairement à l’assertion selon laquelle les baobabs au Sahel se régénèrent rarement, ces arbres se régénèrent à grande échelle dans le département de Mirriah, ainsi que dans la région du Yatenga au Burkina Faso.

Photo 4 : Population impressionnante de baobabs près de Mirriah

Nouveaux parcs agroforestiers et élévation du niveau de la nappe phréatique locale dans le village de Batodi (région de Tahoua)
Après avoir parcouru les 42 km le long de la vallée d’Adouna, nous avons décidé d’effectuer une visite rapide au village de Batodi, que j’avais déjà visité à plusieurs reprises entre 1989 et 1994, puis de nouveau en 2004 et pour la dernière fois en 2006. En 1990, ce village était entouré d’une vaste étendue de terres dégradées et arides. Puis, avec le soutien du Projet de conservation du sol et de l’eau financé par le FIDA, les villageois avaient commencé timidement à régénérer ces terres selon la méthode dite « zaï ». Assis avec les villageois en 1991, j’avais fait la blague suivante :
« Puis-je acheter des terres dégradées afin de les régénérer selon la méthode zaï ? » Leur réaction fut la suivante … « Non, vous ne pouvez pas. Si quelqu’un vend la terre… nous l’achèterons nous-mêmes ». C’est ainsi que j’ai découvert par hasard qu’un marché du foncier avait été créé et que les gens achetaient et vendaient les terres dégradées, puis utilisaient des techniques simples de collecte de l’eau pour les remettre en état.

Lorsque je suis revenu à Batodi en novembre 2004, soit une décennie plus tard, la première chose qu’ils m’ont dite est la suivante… « Le niveau de l’eau dans le puits se situe à présent à 4 m de profondeur seulement, alors qu’elle était à environ -18 m lorsque vous étiez ici la dernière fois. » La remontée de l’eau dans les puits a permis aux femmes de commencer à faire du maraîchage. Etant donné que 2004 était une année de sécheresse (moins de 200 mm de pluie dans cette zone), le jardin potager revêtait une importance capitale pour les femmes. Elles vendaient les légumes sur le marché et leurs familles consommaient la partie invendue. Le nombre des jardins potagers dans ce village était passé de 2 en 2004 à 10 en 2012. La Photo 5 ci-dessous présente l’un de ces jardins potagers.

 
Photo 5 : L’oignon est le légume le plus cultivé dans le village de Batodi, tout comme dans de nombreuses autres parties du Niger.
 
L’on se demande quelles raisons expliquent cette remontée du niveau de la nappe phréatique. Nous avons observé deux puits à la fin de la journée et l’eau se trouvait à 4-6 m de profondeur, alors qu’apparemment elle se trouvait à 3-4 m le matin, avant le début de l’irrigation. Il y a une fluctuation pendant la journée, mais le niveau d’eau reste stable.  Est-il possible qu’une augmentation de la pluviométrie a contribué à la remontée de la nappe?  Chose intéressante, 2004 était une année de sécheresse à l’instar de 2011. Ceci rend improbable l’hypothèse que l’augmentation de la pluviométrie soit à l’origine de l’augmentation du niveau de la nappe phréatique locale. Si l’augmentation de la pluviométrie pouvait en être la principale cause, alors d’autres villages connaîtraient une situation similaire, ce qui n’est pas le cas. Une explication beaucoup plus plausible est que la régénération systématique des terres dégradées selon des techniques de collecte de l’eau qui obligent les eaux de pluie et de ruissellement à s’infiltrer s’était traduite par une reconstitution de la nappe phréatique au niveau local.


La Photo 6 ci-après présente un champ dans le village de Batodi, qui était entièrement nu il y a 20 ans. Les densités sont variables, par exemple la densité des arbres au fond est plus élevée. Les paysans nous ont expliqué que des densités plus élevées sont propices à l’agriculture.

 
Photo 6 : Le parc agroforestier à Batodi est jeune et dominé à certains endroits par Piliostigma reticulatum, qui sert de fourrage pour le bétail. Les densités au fond sont importantes.

Parc agroforestier et sécurité alimentaire
2012 sera une année très difficile dans différentes parties du Sahel. Le déficit alimentaire au Niger est estimé à environ 600 000 t. Dans quelques semaines, les résultats d’une étude sur le lien entre la régénération naturelle assistée au Sud de Zinder et la sécurité alimentaire des ménages seront disponibles. Si tout se passe comme prévu, la prochaine mise à jour de ARI fera rapport sur les principales conclusions de cette étude.

La prochaine mise à jour de ARI sera élaborée dès que les résultats de l’étude susmentionnée seront disponibles.
 
Les précédentes mises à jour sont disponibles sur le site www.africa-regreening.blogspot.com, ainsi que sur le site Web de l’Alliance mondiale pour le reverdissement en Afrique (www.W4RA.org). Si vous avez le temps, veuillez consulter le site Web où vous trouverez de plus amples informations sur les activités de l’Alliance Web.




[1] La délégation comprenait le Pr. Adam Toudou (Doyen de la Faculté d’agriculture, Université de Niamey), qui a participé à la visite dans la région de Dosso ; le Dr Abasse Tougiani (INRAN), Marie-José van der Werff ten Bosch (Both Ends) et Chris Reij (facilitateur pour les Initiatives de reverdissement en Afrique).


1 commentaire:

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